VISAGES SACRES
-présidé par Christophe Hioco-

Pour cette exposition intitulée VISAGE SACRÉS, nous avons invité Christophe Hioco, membre de l'Asian Art Society à presenter de puissants masques d' Art Tribal au côté de têtes anciennes et inspirantes de l'Inde et des régions d'influence indienne. Un dialogue interculturel se crée qui transcende le temps et l'espace. VISAGE SACRÉS nous invite à observer les convergences conceptuelles et interculturelles, mais aussi les différences d'exécution esthétique et technique d'un ensemble de têtes, masques et visages. Coiffes, polychromie et matières sont au centre de ce dialogue.

COIFFES
— Indian Heritage, Olivier Larroque, Joaquin Pecci, David Serra

Dans l’art de l’Inde et du monde Indianisé l’iconographie est extrêmement codifiée. Les sculpteurs suivent à la lettre les textes religieux énonçant les différentes caractéristiques des divinités. Néanmoins, chaque région a su développer des spécificités esthétiques et stylistiques propres, donnant lieu à de multiples interprétations d’un même élément iconographique. C’est notamment le cas des coiffes. Dans l’art khmer, l’hindouisme occupe, suivant les périodes, une place prépondérante et les dieux hindous sont parés de diadèmes richement ouvragés. La richesse et l’ordre des registres décoratifs perlés, floraux et géométriques, est souvent un critère de datation. Derrière les diadèmes s’élèvent des chignons très stylisés, de forme cylindrique ou pyramidale, composés de mèches tressées. Ces mèches tressées sont également omniprésentes dans les coiffures des divinités indiennes et souvent nouées avec complexité et sophistication, parfois enrichies de perles et autres ornements. Dans le bouddhisme, le traitement stylistique peut être très différent d’une région à l’autre : la protubérance crânienne du Buddha sera systématiquement figurée mais au Gandhāra elle sera dissimulée dans un chignon sommital de mèches ondulantes d’influence hellénistique, tandis qu’elle sera recouverte de petites boucles resserrées et surmonté d’une flamme en Thaïlande.

POLYCHROMIE
— Laurent Dodier, Julien Flak, Joe Loux, Renaud Vanuxem

La statuaire du monde indianisé ancien nous apparaît aujourd’hui sous une forme assez épurée mais qui n’est pas totalement représentative de son apparence originelle. Tout comme en Occident avec les œuvres grecques ou les cathédrales romanes et gothiques, les sculptures de l’Inde, du Gandhāra et des régions avoisinantes étaient recouvertes d’un engobe blanc qui constituait la couche préparatoire d’une riche polychromie aujourd’hui disparue. Cet engobe est parfois partiellement conservé dans les parties les plus creusées des sculptures. Les bronzes thaïlandais étaient quant à eux entièrement recouverts de laque rouge et de dorures et à cela pouvaient s’ajouter des incrustations de nacre ou de pierres précieuses. Les multiples couleurs devaient considérablement changer l’aspect de ces œuvres.

MATIERES
— Voyageurs & Curieux, Guilhem Montagut, Adam Prout, Adrian Schlag

Pour des raisons pratiques, chaque lieu de production artistique utilisait en priorité les matériaux locaux à disposition. Le Gandhāra fera ainsi un usage presque exclusif du schiste, une roche débitée en plaques fines, et du stuc, c’est-à-dire un mortier de chaux. Ce dernier matériau, très malléable, permet beaucoup d’aisance dans le traitement et d’obtenir des visages au modelé souple et à la grande expressivité. Les temples et sculptures de l’Inde sont eux majoritairement en grès rose dans le nord-ouest et centre de l’Inde, en granit dans le Sud, ou encore en pierre noire dans les régions du nord-est. Si le bronze est présent partout en Asie, la Thaïlande est le pays qui lui donne l’une de ses plus belles expressions. Les patines, plus ou moins brunes ou vertes, varient en fonction du poli, des restes de dorure et de laque mais aussi, et surtout, du passage du temps.